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Ah !!!!
Le Camp des Courmettes de 19...63 !
Prendre le train à 7 ou 8 de nuit et arriver au matin en gare de Nice : une aventure !
Dans la vallée du Rhône, le wagon se remplit de jeunes appelés partant rejoindre leur troupe : du bruit dans le couloir, des tentatives pour venir s'installer et bavarder dans notre compartiment rempli  et fermé ... Autant d' angoisses pour notre C.C. (Chef de Clan)" Isard" !!!
A l'arrivée en gare de NICE, un petit temps d'attente me permit de trouver une carte postale à expédier à l'Oncle Jo et à la Tante Josette "de la "Galerie du Livre", rue Tonduti de l'Escarène .
Hélas : ces derniers ne comprirent pas du tout qui leur écrivait : la carte était sur mes genoux et ma main tremblait : ce devait être bien mal calligraphiée ! Et "à l'époque", une jolie écriture c'était la fierté de l'écolière - donc a fortiori de la Lycéenne !
Peu à peu d'autres éclaireuses arrivèrent, elles venaient de plusieurs coins de France, principalement tout de même de la région parisienne.
Deux cheftaines prirent -me semble t-il - la direction des clans pour faire monter les éclaireuses dans un bus (peut-être deux ?) ....
Et autant que je me souvienne ce bus stoppa les machines sur le coin d'une route au delà de Tourrettes sur Loup. Il était temps de descendre !
Ici, la mémoire me manque : nos sacs furent-ils chargés en jeep ? en camion ? Tout me porte à le croire. J'ai des souvenirs de jambes et non de dos.
Car nous étions loin d'être arrivées et la température extérieure montait en puissance.
Enthousiastes : nous l'étions à 400% ! 
Je ne peux pas vraiment expliquer (enfin, plus !) combien d'espoirs portaient les camps scouts à cette époque : la liberté, les lieux inconnus, le ciel bleu qui vous dopait des jours entiers, l'absence de soucis autres que de vivre des vacances ... que sais-je ?
On était dans "les Trente Glorieuses", une période de croissance économique, de lendemains heureux ... Alors que nous allions attaquer de pied ferme quelques km d'une montée à 15%, nos coeurs alertes ne songeaient qu'à chanter la quinzaine à venir pleine d'aventures !
Et nous montions !
On ne saurait pas non plus décrire à quel point un km est long dans les mollets quand on a soif, et quand ça grimpe.
Au début j'étais au milieu du peloton, essayant de maintenir la cadence imposée par des cheftaines dynamiques et certainement bien rodées aux lieux et à la marche. Quand on connaît bien les personnes qui vous entourent et les lieux vers lesquels on se dirige, on met le pied devant l'autre sans même songer au but qui semble atteint en "moins de deux".
Pour nous, tout ce chemin était neuf et poussiéreux, raviné par des sillons comme une piste sauvage tracée par des pneus de  jeep (une jeep, ou un genre "pick-up truck" - petite camionnette arrière découvert). Disons carrément que cette piste était interminable, et que j'avais ralenti le rythme.
Une des cheftaines, "Feu-Follet", qui ne cessait de parler quand on ne chantait pas, annonça la mi-parcours avec un espoir de fontaine.
De nous à la fontaine, je préfère signaler qu'il y avait encore un temps à accomplir à la sueur de notre front qui dégoulinait !

J'en étais à réciter un chapelet dans ma tête en suppliant que la souffrance ressentie dans cet effort vienne en décompte de mes nombreux et supposés péchés à l'heure de mon trépas ...

Enfin l'eau vint, la halte bénie et les gourdes remplies à ras bord.
La souffrance s'était évanouie, et il fallait (déjà ?) repartir !

Repartir c'était arriver, s'installer, organiser le havre de paix dont toute éclaireuse, toute guide et tout scout rêve !
Le campement parfait, imaginé toute l'année, qui serait le décor des vies imaginaires que nous aurions là, en équipe, à travers nos jeux et dans un sentiment très fort à la fois de sécurité et de liberté  !


De quoi galvaniser l'enthousiasme pour les dernières centaines de mètres.
La piste devint plus carrossable, plus plate, se doubla d'un sentier .... et nous vîmes des bâtiments type "colonie de vacances" émerger d'une sorte de steppe au milieu des buis : nous étions sur l'immense terrain d'une maison d'enfants, la maison des Courmettes.
Le QG des Eclaireuses, en RDC, abritait du matériel, de l'intendance, des documents administratifs .... et très probablement le logis de nos Commissaires.
Ces Commissaires avaient nom "Farfadet", "Puck", "Mélèze" .... Ces noms étaient des surnoms, des totems "scouts" hérités de pratiques "indiennes" dans le scoutisme aux années 30, et perpétuées jusqu'alors par les traditions. (Je n'ai jamais su le vrai nom de ces Commissaires !)
Les Eclaireuses appartenaint toutes à des Clans Libres : certains ayant peu de membres présents, les clans furent mixés pour favoriser les rencontres en créant des équipes nouvelles : notre Clan comprenait 4 éclaireuses de Chalon, deux de Chelles, une guide anglaise (Valérie), et deux éclaireuses malgaches.

 

Les nouvelles équipes :

la moitié du Clan l'autre moitié du Clan

 ( A gauche une guide anglaise ; au centre vignette de droite : une éclaireuse malgache)

Et les tentes s'éparpillèrent sur le terrain, et une nouvelle vie commença dans les buis et les genêts !

vue générale campement Courmettes Eclaireuses FFEde sous la tente du clan camp des Coumettes

 
Il y eut quelques querelles, au début : harmoniser des éclaireuses des 4 coins de France avec en plus quelques "internationales" cela n'allait pas de soi du tout.

Par exemple : comment définir les places pour dormir sous une tente ?

Certaines éclaireuses ( les supposées fortunées étrangères) avaient un matériel nouveau et sophistiqué qui grinçait : le matelas pneumatique. La plupart d'entre nous avions des "paillasses" c'est à dire des enveloppes en tissu que l'on remplissait de paille le jour de l'arrivée (des nuits au confort absolu garanti !!!!)

Le matelas pneumatique semblait gourmand en espace vital dès lors qu'il y en avait plus d'un sous une tente ...  Et semblait "attirer les moustiques" !

Des décisions furent prises : les matelas : à chaque extrémité et près des portes pour une aération maximale du parfum caoutchouc ...

 

Le PDDM (Petit Déjeuner Du Matin")

Le cercle des éclaireuses se refermait autour du porridge, nourriture adaptée aux anglaises, suédoises et malgaches, dont nous remplissions nos bols.

Au bout de quelques jours j'aurais donné à la place de ce breuvage tout ce que j'aurais détesté à la maison ! A savoir : la semoule qu'adorait mon frère, le potage à la crème de mes cousins de St Germain du Bois ;, la soupe de la chienne des voisins avec sa flottille de croûtons ... J'imaginais même tout cela odorant et délicieux, contrairement à ce porridge fade, laiteux et plutôt froid !

Les arguments des cheftaines étaient sans appel : Lady BP elle-même sous son chapeau 4 bosses pli creux devant avait montré l'exemple des PDDM nutritifs. Et puis " Avant, moi non plus, je ne connaissais pas le porridge, et maintenant je l'adoooore !"

 

Grand Jeu

Un jour, nos cheftaines disparurent , un message nous parvint : elles avaient été enlevées, dixit "SPQR" signé Jules César ....

 * SPQR : la devise de la République Romaine : "le Sénat et le Peuple Romain - senatus populusque romanus" . Nous comprenions tout cela avec un air entendu, car au lycée on étudiait le latin d'arrache-pied : thèmes, versions, vocabulaire, civilisation ...
ecureuils grand jeu

Suivre la piste ne fut pas facile, mais tout se termina comme dans les grands jeux scouts où deux camps ennemis sont face à face et où il y a "prise de foulard" : un foulard = une vie à ne pas perdre dans la bataille ! ...

Que l'on se rassure, les cheftaines furent retrouvées saines et sauves !!!!!!!!!

 

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Le dessin des Eclaireuses  aux Courmettes " Chansons de marche" vient de faire la Une du "Debrouillum Tibi", le n°118 Eté 2010 des Anciennes Eclaireuses de la FFE :

DT 001

 

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